Préhistoire

Préhistoire

Le terroir de Roquebrune a été continuellement habité depuis la nuit des temps.
Les premières traces de cette occupation datent du
PALEOLITHIQUE INFERIEUR

Aux alentours de -400 ou -500 000 ans.
Ces vestiges sont des outils de pierre, les  » bifaces « , soigneusement sculptés dans un bloc de roche. Cinq de ces  » coups de poing  » ont été trouvés, ensemble, sur une ancienne plage de la Méditerranée, située maintenant, comme celle de Terra Amata à Nice, à 26 mètres d’altitude. Cette plage était sans doute un campement saisonnier pour l’homo erectus.

Deux de ces bifaces sont exposés à la Maison du Patrimoine de Roquebrune : l’un est en quartz, l’autre en rhyolite, la lave de l’Esterel. Un troisième biface, en silex, celui-là, a été trouvé dans la vallée de l’Endre.
On ne peut qu’admirer la maîtrise technique de ces lointains ancêtres qui maîtrisaient depuis peu l’usage du feu.

Au PALEOLITHIQUE MOYEN
Entre – 125.000 et – 35.000, l’homme de Neandertal a laissé des vestiges évidents
– dans une grotte de la Colle du Rouet
– ainsi que sur une haute terrasse du Blavet ; ce site de plein air ayant malheureusement été bouleversé par les labours.

Ce sont également des outils de pierre, pointes ou racloirs, non plus sculptés dans un bloc, mais réalisés à partir d’éclats de taille. Ces éclats provenaient de  » nucleus en carapace de tortue « , première tentative pour maîtriser la forme des éclats obtenus en frappant une roche avec un percuteur dur ; ce mode de débitage des roches locales, silex ou rhyolite est appelé débitage Levallois .

Pointes, racloirs et nucleus Levallois sont également visibles à la Maison du Patrimoine.

L’homo neandertalis, qui a été le premier à donner une sépulture aux défunts, a disparu vers – 35 000 après avoir cohabité quelques millénaires avec l’homo sapiens.

C’est au PALEOLITHIQUE SUPERIEUR
qu’a vraiment commencé le peuplement de la région par l’homme de Cro-Magnon, notre ancêtre également nommé homo sapiens sapiens.

Les fouilles effectuées dans les quatre petites grottes de la Bouverie ont permis, pour la première fois, de reconstituer la succession des diverses industries du silex dans le sud-est de la France, (très différentes de celles du Périgord) ainsi que toutes les variations climatiques au cours des 20 000 années de glaciations qui ont obligé l’homme à rechercher l’abri de ces cavités inconfortables. (voir sites historiques)

Les outils de silex provenaient désormais non plus d’éclats, mais de lames de forme standardisée et retouchées pour confectionner un outillage très diversifié et adapté à la fonction recherchée.
C’est ainsi qu’on peut admirer à la Maison du Patrimoine de nombreux grattoirs, burins, perçoirs, des pointes aux formes variées, des lames et lamelles, des microlithes de très belle facture qui montrent toute l’ingéniosité et la maîtrise technique des hommes de Cro-Magnon.

Le nombre des outils recueillis donne une idée de l’importance de cette population nomade qui se déplaçait en suivant les troupeaux de grands herbivores qui galopaient dans ce qui était alors une steppe froide .

Le site de la Bouverie a une telle importance pour les préhistoriens qu’ils ont nommé bouvérien la dernière industrie paléolithique de la région, remarquable par ses grattoirs ronds et sa miniaturisation.

Le MESOLITHIQUE
a été marqué, il y a une dizaine de millénaires, par la fin des glaciations, l’incroyable remontée des océans (plus de 120 mètres) et l’envahissement de la région par une forêt vite devenue impénétrable.
Une période difficile pour l’homme qui n’avait pas encore les moyens de lutter contre sa progression et qui ne disposait plus, pour se nourrir et s’habiller, des hordes de chevaux et d’aurochs qui parcouraient auparavant la steppe.

On lui connaît, sur le terroir de la commune deux sites d’habitat en grotte : la grotte Bouverie 2 et la grotte de Colle Rousse où la fouille d’un foyer a permis de découvrir des restes alimentaires : os de lapin, vertèbres de poissons, coquillages variés et surtout coquilles d’escargots.

Ces ressources alimentaires ne nécessitaient plus un outillage sophistiqué et la plus grande partie des silex découverts sont des denticulés assez grossiers destinés au travail du bois. L’habileté de l’homme n’est pas en cause puisqu’il était capable de réaliser des microlithes entièrement retouchés de 6 à 8 millimètres de longueur et de les incruster dans une hampe pour confectionner des harpons.

Au NEOLITHIQUE
vers -7 000 ans av. J.C., l’homme trouve enfin le moyen de combattre la forêt : il fabrique des haches de pierre polie mais trouve plus facile de l’incendier périodiquement, créant ainsi des clairières où il va se fixer.

C’est l’époque des grandes inventions de l’humanité : la sédentarisation, l’agriculture, la domestication et l’élevage des animaux, la poterie, le tissage .
L’homme se considère désormais comme le propriétaire de sa terre qu’il faudra défendre contre les voisins et les envahisseurs. Ce sera le début des luttes fratricides.

Délaissant les grottes, il habite, en plaine, de vastes habitations bâties avec des poteaux, du feuillage et du torchis.
Dans la vallée de l’Argens, il y en a sans doute beaucoup, mais elles sont enfouies sous les alluvions du fleuve. Aucun site n’a pu être découvert dans la vallée. Seules, quelques haches ou herminettes polies et quelques pointes de flèches ont été trouvées fortuitement, au flanc des massifs.

Le CHALCOLITHIQUE
ou Age du Cuivre, est mieux représenté sur le territoire de Roquebrune.
A défaut de sites d’habitat, également enfouis sous les alluvions, les préhistoriens ont pu étudier un certain nombre de sépultures provenant de cette civilisation des mégalithes qui faisait une place importante au monde des morts et aux rites funéraires.Les plus spectaculaires étaient les dolmens, des sépultures le plus souvent collectives ; on en comptait quatre sur la commune, tous curieusement situés sur des collines élevées (environ 200 mètres d’altitude), en des endroits jouissant d’un panorama magnifique. Il n’en reste que deux, très endommagés, les autres ayant été détruits pour les besoins de l’urbanisation ou de la voirie. (Voir, dans les Sites historiques, le dolmen de l’Agriotier)

Le dolmen à couloir de l’Agriotier se composait d’une cella rectangulaire, limitée par une dalle de chevet, orientée vers l’est et quatre blocs verticaux (orthostats), et d’un couloir d’accès orienté vers l’ouest. Il était recouvert en totalité par un tumulus de pierrailles.
On y a trouvé quelques pointes de flèches, un brassard d’archer en schiste, deux grandes lames de silex blond et deux perles en pâte de verre.

Mais d’autres traces d’inhumation datant de la même période ont été découvertes dans les niveaux superficiels des grottes de la Bouverie .
Ces sépultures n’étant pas délimitées ont été identifiées par des  » offrandes  » placées à côté des morts pour les honorer : des éléments de colliers, perles en stéatite, coquillages et dents de loups perforés, mais surtout de superbes armes d’apparat en silex (pointes de flèches losangiques ou à ailerons, pointes de trait à retouches bifaciales). Jamais la technique de la taille du silex n’avait atteint un tel degré de perfection, au moment même où elle allait définitivement disparaître devant la généralisation de l’usage des métaux.La commune possède également un menhir qui se dresse encore fièrement au quartier de Pétignon mais qui a été christianisé par l’église catholique par l’adjonction d’une croix métallique. (Voir, dans les sites historiques, le Menhir de Peyrelevade).

L’AGE DU BRONZE
n’a laissé sur le territoire de la commune que de rares vestiges : ce sont des camps retranchés sur des sommets difficiles d’accès ou de véritables tanières aménagées dans des éboulis ou sous des amoncellements de blocs, comme si les humains avaient vécu dans la terreur et on peut se demander s’ils n’étaient pas victimes d’envahisseurs féroces, peut-être montés sur ces chevaux qui étaient inconnus dans la région depuis leur départ vers les steppes du nord au Mésolithique .On a identifié ces habitats misérables grâce à une peinture rupestre non figurative et à quelques fusaïoles destinées à tendre des fils de métier à tisser.