La fondation du Village

La fondation du Village

Le XIème siècle – La création du village

LE CASTRUM DE ROCCA BRUNA

C’est au tout début du XIème siècle qu’un compagnon de Guillaume, apparenté à la famille de Châteaurenard, érigea un castrum sur le piton qui porte maintenant le village. On ne connaît pas la date de cette fondation, mais le premier seigneur ayant pris pour nom de famille Roquebrune, était Guigues, déjà mentionné comme témoin d’une donation, en 1028. C’est sans doute à lui que l’on doit la création et peut-être le nom du village.

Ce castrum était sans doute, à l’origine, une simple maison forte, jouissant d’une vue panoramique sur la plaine et protégée par une levée de terre et une solide palissade ; celle-ci délimitait une « basse cour » destinée à accueillir, en cas de danger, les paysans des alentours avec leurs troupeaux ; on y trouvait aussi une petite chapelle, Notre Dame des Salles.
Le but d’un tel habitat fermé était de regrouper autour d’une position fortifiée une population traumatisée par les atrocités du passé et en quête de sécurité.

C’est au Vieux Revest, un site abandonné depuis la fin du 14ème siècle, qu’on peut encore maintenant avoir sous les yeux ce que représentait un castrum : une solide enceinte perchée au sommet d’une colline, protégeant une maison seigneuriale et une chapelle séparées par un espace libre relativement vaste ; des portes fortifiées, des meurtrières en assuraient la défense.
Tout près de l’enceinte, mais à l’extérieur, se pressaient des huttes en pierres sèches, disposées sans ordre, où vivaient les paysans.

Dès 1044, le castrum de Rocca Bruna était tenu parun castlan , le chevalier Dodon , dont l’autorité s’étendait jusqu’aux limites de la châtellenie. Cette charge lui conférait tous les pouvoirs militaires, ainsi que l’administration des biens et la basse justice .

Cependant, les anciens monastères, en particulier Saint Victor de Marseille et Lérins qui avaient terriblement souffert de l’anarchie des siècles précédents et des invasions, mais avaient su conserver leurs archives et leurs droits, furent repris en mains par leurs abbés respectifs qui se mirent en devoir de réorganiser l’Eglise Provençale ruinée, mais exclusivement à leur profit.
A cette époque, les grands seigneurs, qui avaient bénéficié des libéralités de Guillaume d’Arles, avaient coutume, pour assurer le salut de leur âme, de faire donation d’une partie de leurs terres aux représentants de Dieu et, pendant deux générations, les dons affluèrent vers les différents établissements ecclésiastiques. Ces donations, qui étaient dûment enregistrées devant témoins, et qui constituent la base de notre documentation, augmentèrent considérablement le patrimoine des monastères qui contrôlèrent bientôt la plus grande partie des exploitations.

L’ordre règnant enfin après cinq siècles d’insécurité et d’anarchie, la propriété des terres étant désormais définie, toutes les conditions étaient réunies pour un repeuplement rapide des zones abandonnées. On allait effectivement assister à une expansion démographique et agricole sans précédent. Les terres furent peu à peu remises en culture et la population se regroupa d’abord à proximité des castra (il y en avait trois autres sur notre terroir : Palaison, dès 1028, Villepey en 1046 et Saint Barthélemy).
Plus tard, les villageois rassurés se regroupèrent dans des habitats ouverts, sur les anciennes villae, Vallis ou Burnis, autour des chapelles reconstruites.